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À propos
D’abord simple intermède pour un de ses opéras en 1733 à Naples, La Serva Padrona de Pergolese conquiert la France en 1752 plus de 15 ans après la mort de son auteur et déclenche la fameuse « Guerre des Bouffons » opposant partisans de la musique française et ceux de la musique italienne.
Représentée partout en Europe et jusqu’aux Etats-Unis au XVIIIe siècle, cette œuvre est un véritable phénomène de société : elle renouvelle la conception de la Musique mais aussi du Théâtre et de la Mise en scène. Elle représente des personnages simples issus d’un milieu modeste et renoue avec une conception populaire de l’opéra.
Il n’est pas étonnant que dès 1754 une traduction française ait vu le jour afin que tous les publics profitent pleinement de cette œuvre ; cette version circule bientôt dans toute la France. Les récitatifs sont remplacés par des dialogues parlés, ce qui en fait un véritable opéra-comique. On ajoute également quelques récitatifs accompagnés absents de la version originale et surtout un nouvel air virtuose pour le rôle de la soprano désormais appelée Zerbine.
Les différences musicales sont très révélatrices de l’assimilation de l’œuvre à l’esprit français et, par delà, de la fusion entre tradition italienne de la Commedia dell’Arte et Théâtre de la Foire typiquement parisien.
Cette habitude de traduire et adapter les œuvres étrangères va devenir un usage courant au XIXe siècle : elle relativise la mentalité moderne considérant toute œuvre comme intouchable et sacrée. Tel n’est pas l’esprit du XVIIIe siècle, plus soucieux de s’adapter à l’évolution des goûts.
C’est donc cette version française, jamais jouée de nos jours, que nous avons choisie. Cette Servante Maîtresse est une véritable re-création : elle fait la part belle aux passages entre voix parlée et voix chantée, aux brusques virages entre burlesque et mélancolie et illustre cette réunion des goûts tant recherchée au XVIIIe siècle.
Tout est en place pour un vrai divertissement sans façons, à mille lieux du grand opéra : imaginons cette femme rusée mais sensible, fatiguée de servir depuis des années un maître qui ne remarque pas son dévouement, peut-être même son amour. Sentiments et volonté d’ascension sociale se mélangent allègrement. On est séduit et touché par l’incroyable l’énergie que met Zerbine, véritable Figaro en jupons, pour parvenir à ses fins. La pièce fait la part belle à ce personnage féminin brisant les conventions et les limites que lui imposent son genre et sa position sociale. Œuvre d’une grande liberté musicale, La Servante Maîtresse est un vent de folie, qui exige de ses deux chanteurs-acteurs et du personnage muet une grande richesse de jeu à travers la simplicité des mélodies, le double registre comique/sentimental – avec sa crise émotionnelle juste avant le dénouement – et surtout un amour de la langue française, si propre à la comédie et au chassé-croisé des sentiments.
Distribution :
2 chanteurs : soprano et basse
1 rôle muet
Orchestre Les Paladins : 18 musiciens
Jérôme Correas, direction
Programme :
Jean-Baptiste Pergolèse : La serva padrona (La Servante maîtresse)